• Comme chaque matin, son réveil sonne le réveillant en sursaut. Il lui assène une claque et l'envoie volé non loin de là; puis se laisse retomber lourdement. Il s'étire et soupire tout en se levant de son lit chaud et douillet, direction la salle de bain. Sur la pointe des pieds, il pousse la porte qui grince légèrement dans ses gonds et croise son regard dans le miroir poussiéreux. De lourde cernes violettes pèsent sous ses yeux bruns trop communs. Il passe la main dans ses cheveux noirs rebelles, les boucles grasses tombent mollement sur son crânes. Il soupire à nouveau et entreprend de s'habiller. Cette tâche accomplie, il passe par la cuisine où il mange un bol de céréales. Elles n'ont pas de goût ce matin-là mais il les mange tout de même car il ne faudrait pas que son corps le lâche; s'il devait déranger sa mère, elle le lui ferait payer et son père, n'en parlons même pas. Ce dernier n'est pas rentré le soir dernier, il a du finir sa nuit sur le trottoir devant un bar tel l'ivrogne qu'il était devenu. Mais cela n'a pas d'importance. Il pose son bol vide dans l'évier sale, met ses vieilles chaussures et, son sac sur le dos, part pour le lycée. Il ne faut pas qu'il arrive en retard. L'air lui mord la peau tant il fait froid, il remonte son écharpe sur son nez mais l'enlève vite, elle sens le moisie. Heureusement, il arrive vite au lycée et se réfugie dans les couloirs près des radiateurs. Les quelques rares élèves déjà présents le dévisagent en ricanant. Ils s'approchent de lui et le bousculent volontairement mais il s'en fiche, il a l'habitude. La journée se déroule comme n'importe quelle autre journée, lentement. Dans l'après-midi, il se retrouve à nouveau seul dans la cage d'escalier, il monte, marche après marche alors qu'un mal de crâne soudain lui tambourine la tête. Tout autour de lui devient flou. Il s'écroule sur le sol froid, impuissant. Quelques minutes passent aucun élève n'est passé par là, personne ne l'a vu ainsi. Il semble bouger puis finalement se relève lentement, ça ne devait être qu'un petit malaise cependant quelque chose d'étrange s'est produit.....Ses yeux ont changés de couleurs, ils sont devenus légèrement plus sombres avec des reflets bordeaux. Comble de l'étrange un large sourire s'est dessiner sur son visage. Il fait peur à voir avec son teint livide, ses yeux noirs, son sourire qui vous glace le sang. Comme si de rien n'était, il monte à nouveau marche après marche et atteint enfin l'étage où il devait se rendre. Une seule personne est déjà présente.
    Il s'approche sans bruit, invisible comme il a l'habitude d'être. La jeune fille ne le remarque pas, trop occupé à envoyer des messages à son petit ami sans doute. Son haleine chaude frôle le cou de la jeune fille. On entend sa respiration, inspiration, expiration comme le murmure de la mort. Il voit les poils de son bras se hérisser spontanément. Elle se retourne trop doucement et l'effroi se lit sur son visage. Il sourit, elle hurle.
     Mais personne ne l'entendra. Un flot rouge s'écoule de sa gorge blanche tachant ses habilles préparés avec soin la veille. Elle s’effondre les yeux ouverts et son corps flasque repose bientôt sur un lit de cerise écrasées, trop mures.

    Il regarde avec envie le couteau taché qu'il tient à la main et le lèche langoureusement se délectant du flux vital de sa victime.

    Le lendemain, il ne se souvient de rien et apprend qu'une élève a été sauvagement assassinée. On l’interrogera, comme tous les autres élèves mais il ne sera pas démasqué. Il reste tapis dans l'ombre, guettant sa prochaine victime et se servant du corps de ce sombre imbécile.

    Méfiez-vous des apparences.


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